Libre inspiration PSP sur un tutoriel de Marisma traduit par Violette Graphic ici link
"Les courants sont trop forts,ils m'entrainent trop loin. Trop loin, trop vite. Je suis triste, papa. Triste de subir la colère des autres, la violence d'un inconnu, le retour improbable d'un ancien amour, l'indifférence de Lui. C'est trop je ne suis pas assez costaud.
La petite étoile s'était éteinte.
Tu veux dire que je me plains pour rien, que ce n'est pas grave ? Ce n'est pas juste. Tu le sais bien.
Et comme si mon père là-haut reconnaissait la vertu accusée et se souvenait du crime ancien déguisé, la petite étoile se remit à briller.
Ah ! Tu te souviens. Tu n'as pas oublié. J'ai survécu une fois, est-ce que je survivrai cette fois ? C'est la vie. Elle a bon dos la vie. Jamais, elle ne vous octroie une longue période de repos, toujours elle vous remet à l'ouvrage.
On n'est pas sur terre pour se tourner les pouces. Mais moi, je n'arrête pas. Je me démène comme une enragée. Tout tient debout sur mes seules épaules.
La vie m'a gaté aussi ? Tu as raison.
La vie me gatera encore ? Tu sais très bien que je me fiche de l'argent, que je me fiche du succès, que je préfèrerais un bel amour, un homme que je vénèrerais, que je chérirais, tu le sais.
Toute seule, je ne peux rien.
Il va arriver, il est là, pas loin.
Quand ? Quand ? Papas, dis-moi !
La petite étoile ne répondait plus.
Une pensée traversa son esprit. Si Lui n'a pas trouvé ça grave, c'est peut-être parce que je ne trouve pas ça grave, moi non plus. Si Lui ne m'accorde pas plus d'attention, c'est parce que je ne m'accorde pas d'attention. Il me traite comme je me traite moi même. Il n'a pas entendu le danger dans mes mots, ni la peur dans ma voix parce que je ne les ai pas sentis. Je sais que ça m'est arrivé, mais je ne ressens rien. On me poignarde mais je ne réclame pas protection, vengeance ou assistance, ça glisse sur moi. J'énonce un fait; les mots sont là, je les articule à haute voix, mais l'émotion ne les colore pas. Mes mots sont muets. Il ne les entend pas. Il ne peut pas les entendre. Ce sont les mots d'une morte, disparue depuis longtemps. Je suis cette morte qui décolore ses mots. Qui décolore sa vie.
Depuis ce jour où ...................... Ce jour là elle m'a barrée de sa vie, elle m'a barrée de la vie. C'était comme si elle me disait, tu ne vaux pas la peine d'exister donc tu n'existes plus. Et moi , petite fille, je reste interloquée. Frappée de stupeur par ce geste, un coude qui se relève et me rejette dans les vagues. Je suis morte ce jour là. Je suis devenue une morte qui porte le masque d'une vivante. J'agis, sans jamais établir de lien entre ce que je fais et moi. Je ne suis plus réelle. Je deviens virtuelle. Tout glisse. Tout glisse sur moi. Je ne revendique rien. Je ne m'approprie rien. Je réussi quelque chose de bien ... ah bon. Je me marie, je deviens une femme appliquée, douce sur laquelle s'évapore l'amour distrait de son mari .... ah bon. Il me trompe ? C'est normal il va mal. Une autre l'apaise, le réconforte. Je n'ai aucun droit, rien ne m'appartient puisque je n'existe pas.
Mais je continue à faire comme si j'étais vivante. Je deviens mère, alors je m'anime. Je retrouve l'enfant en moi. La petite fille grelottante. Je le prends dans mes bras, le berce, je lui baise le bout des doigts, je lui raconte des histoires pour l'endormir, je lui réchauffe son miel, je lui donne tout mon temps, tout mon amour, toutes mes économies. Je l'aime. Rien n'est trop beau pour la petite fille morte que je réanime avec des soins, des compresses, des baisers.
Je dispariais, je ne veux pas qu'on me connaisse. Il n'y a rien à voir, rien à connaitre : je suis morte. Rien ne peut me toucher puisque depuis ce jour là j'ai cessé d'exister. Depuis ce jour là les choses m'arrivent, mais ne s'impriment pas en moi. Je suis morte. Je fais de la figuration dans ma propre vie.
Il lui sembla que la voie lactée était illuminée, elle clignotait de milles éclats nacrés."
Je suis vivante.....
Adaptation d'un extrait de "La valse lente des tortues" de Katherine Pancol